Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Maui
Publicité
Archives
Derniers commentaires
10 mars 2011

Quelques aspects du tahitien

  • L’accent

Le tahitien n’est pas une langue à tons, mais une langue à accent. Qui plus est, l’accent est démarcatif. Cela signifie qu’il permet de démarquer plus facilement les unités syntaxiques et sémantiques. Autrement dit, cela permet de reconnaître les limites des unités. Selon Mirose Paia et Jacques Vernaudon, dans leur ouvrage Tahitien Ia ora na, « en tahitien, l’accent tonique frappe généralement l’avant dernière syllabe du mot. Nous vous rappelons que, chaque voyelle étant prononcée, elle compte pour une syllabe.

reo                 ‘ohipa, activité                  taata                                     fenua

Lorsque le mot comporte une voyelle longue, l’accent tonique suit la longue :

tāvana, gouverneur                                  feiā, gens »

 

  • Le mot et l’ordre des mots

Au niveau des mots, il est intéressant de voir qu’ils sont invariables. Ainsi, « ils ne conjuguent pas, ne se déclinent pas et ne portent pas de marque interne du genre ». Les mots renvoient à des notions, qui permettent d’en définir l’essence ou la propriété. Le sens d’un mot varie selon qu’il est accompagné d’un préfixe ou d’un suffixe. Par conséquent, on note que la langue tahitienne est de type agglutinant. Louise Peltzer nous explique dans son ouvrage Légendes tahitiennes, que la langue tahitienne « possède la caractéristique d’adjoindre à des bases bien distinctes (racines) des affixes pour exprimer des rapports grammaticaux ou pour créer des mots nouveaux. »

Dans une phrase affirmative, les mots suivent l’ordre prédicat / sujet / complément (V-S-O). Si l’on prend l’exemple « ‘Ua ‘ite au i te miti » que l’on traduit en français par « j’ai vu la mer », on remarque bien que l’ordre des mots en tahitien est différent de l’ordre français :

// ‘Ua ‘ite / au / i te miti //                       // prédicat / sujet / complément// (V-S-O)

// ai vu / moi / à la mer //

// J/ ’ai vu / la mer //                              // sujet / prédicat / complément // (S-V-O)

Cet ordre peut varier selon les contextes. De plus, il est important de noter que la fonction de prédicat n’est pas uniquement réservée aux verbes, comme c’est le cas en français.

 

  • Langue à particules

Comme nous l’avons signalé précédemment, la langue tahitienne est de type agglutinant. La sémantique d’un mot varie selon des affixes ou des suffixes. A cela s’ajoutent des particules. Les particules servent à mettre en relation un terme avec un autre. Qui plus est, elles renseignent sur le degré d’accomplissement : accompli, non-accompli, en train de s’accomplir, etc. ; mais aussi sur l’évènement : probable, certain, nécessaire, etc. De plus, elles peuvent être directionnelles, telles que mai, qui indique un mouvement orienté vers le lieu où se trouve l’énonciateur, et atu, qui indique un mouvement s’éloignant du lieu où se trouve l’énonciateur. Par conséquent, il faut être très attentif à ces particules car elles sont au cœur du système de la langue tahitienne.

 

  • L’essence

Etant donné que le tahitien ne possède pas les mêmes critères qu’en français pour différencier les mots, comme la marque du genre et du nombre et qu’il n’y a pas de déclinaison, on observe d’autres critères pertinents tellesque l’essence. Ainsi, pour décrire quelque chose, il est nécessaire de préciser s’il s’agit d’un humain, d’un animal, etc. Pour ce faire, on utilise te, que l’on place en première position.

Exemple : Te à ce qui a la nature à le/un/les/des/du poisson(s)

Pour présenter l’essence de quelque chose, on utilise la particule e :

E tera à ça, c’est un/du poisson ou ça, ce sont des poissons.

 

  • Les déictiques

Par le biais des déictiques, on désigne les interlocuteurs impliqués dans la situation de communication: émetteur(s) / récepteur(s), destinateur(s) / destinataire(s), pronoms personnels, pronoms et adjectifs possessifs de la 1re et de la 2e personne : (je, tu, nous, vous, mon, notre, votre, etc.), prénoms désignant des personnes; des objets ou personnes évoqués par le locuteur: pronoms et adjectifs démonstratifs (ceci, cela, ce, cette, voici, etc.); les coordonnées spatiales et temporelles de la situation de communication: adverbes et locutions adverbiales de lieu et de temps (ici, là-bas, aujourd'hui, demain, hier, dans deux jours, ce matin, etc.).

Ainsi, en tahitien vau (ou au) fait référence à l’énonciateur, ‘ōe désigne le destinataire et ‘ō na fait référence à une tierce personne qui n’est ni l’énonciateur, ni le destinateur. Rappelons que le tahitien ne marque pas le genre : ‘ō na correspond à il ou elle en français. Bien que les mots soient invariables, on observe qu’il existe des pronoms duels : tāua, māua, ‘ōrua, rāua. A cela s’ajoute un critère d’inclusion et d’exclusion.

 

Singulier

Duel

Pluriel

Première personne

vau ; au (je/moi)

inclusif : tāua (toi et moi)

exclusif : māua (lui/elle et moi)

inclusif : tātou (vous et moi)

exclusif : mātou (eux et moi)

Deuxième personne

‘ōe (tu/toi)

‘ōrua (vous deux)

‘ōutou (?)

Troisième personne

‘ō na (il/elle – lui)

rāua (ils/elles deux)

rātou (?)

 

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
S
Une langue "agglutinante", je ne crois pas, franchement. La langue tahitienne, comme toutes les autres langues polynésiennes d'ailleurs, est typiquement "isolante". C'est ce que vous décrivez quand vous écrivez : "Au niveau des mots, il est intéressant de voir qu’ils sont invariables. Ainsi, « ils ne conjuguent pas, ne se déclinent pas et ne portent pas de marque interne du genre »."
Publicité